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Rencontre avec Dito Sama, une fabrication française depuis 1945
Sindy Pivetta, Global Marketing Manager et Olivier Montagne, Directeur Commercial, Marketing et SAV Dito Sama nous en disent plus.
Fabriquer en France a toujours fait partie de la politique de Dito Sama ?
O. Montagne : L'histoire de Dito Sama répond déjà à votre question ! Notre entreprise a été créée en 1945, et nous sommes toujours en France. Une première partie de l'histoire s'est écritesous la forme d'une entreprise indépendante. Nous sommes entrés dans le groupe Electrolux Professional en 1987 et depuis, l'entité Dito Sama reste ancrée dans sa région.
Intégrer un groupe international vous a-t-il d'une certaine façon permis de continuer à fabriquer en France ?
O. Montagne : Cela a eu une incidence. Après toutes ces années, nous pouvons dire qu'au sein du groupe Electrolux Professional, la France est le pays le plus industriellement représentatif. Nous sommes les seuls à avoir 4 usines du groupe sur notre territoire.
Quelques mots sur votre site de production ?
O. Montagne : L'usine Dito Sama est basée à Aubusson, dans la Creuse. Nous sommes aujourd'hui environ 100 personnes, un effectif qui peut varier en fonction des périodes et de la saisonnalité. Nous fabriquons une dizaine de familles de produits pour la préparation mécanique : batteurs, mélangeurs, éplucheuses, coupe-légumes, combinés…
Quelle est la part des ventes en France et à l'étranger ?
O. Montagne : L'histoire de l'entreprise fait que la notoriété de la marque est forte en France. Pour autant, nous sommes présents à l'export, en Europe et au grand export. Environ 60 % des ventes sont réalisées à l'export, 40 % en France.
La fabrication française est-elle un argument commercial fort pour vous ?
S. Pivetta : Le made in France a une forte valeur, en France bien sûr, mais aussi en Europe et au-delà. Nous évoluons en effet dans le domaine de la restauration, où la réputation de la France est très forte, dans le monde entier. Le made in France porte une connotation de produit premium, robuste. Cette perception est vraie en Italie, où je travaille, et bien au-delà. Nous avons conçu un logo "made in France" que nous utilisons sur les réseaux sociaux, sur notre site Internet et dans la documentation sur les salons : cela rassure, c'est synonyme de qualité. Le savoir-faire français est reconnu. Lors des salons en Asie, nous remarquons que les produits fabriqués en Italie et en France notamment sont très appréciés. Ils sont synonymes de prestige, de luxe, de résultat culinaire d’exception.
Concernant la vente des produits Dito Sama en France, la fabrication locale permet-elle l'argument écologique ?
O. Montagne : Le made in France ne traduit peut-être pas systématiquement cela. C'est l'association du made in France et de la politique de l'entreprise qui est signifiante. Plus on avance et plus la valeur France s'inscrit dans la durabilité, dans l'environnemental. Aujourd'hui, c'est une valeur forte sur laquelle il faut travailler. Nos clients y attachent d'ailleurs de plus en plus d'importance.
Cela peut-il être un facteur de choix dans un référencement en tant que fournisseur ?
O. Montagne : Sur des marchés privés, la fabrication française porte une connotation de proximité, d'excellence, de qualité, de robustesse et surtout de durabilité. Sur les marchés publics, la politique RSE devient effectivement très importante dans la pondération des appels d'offres. Cela démontre les changements structurels engagés par l'État.
Comment fonctionne Dito Sama en termes de sourcing ?
O. Montagne : Une première volonté est de sourcer au maximum localement, à la fois sur les pièces mais aussi sur la sous-traitance, si c'est nécessaire. C'est une empreinte locale, de proximité, et un engagement social. Notre entreprise est basée dans une zone rurale, où nous avons depuis des décennies cet engagement territorial, cette volonté de travailler le plus localement possible. Concernant le coût de revient de nos machines, 80 % de la valeur provient de France ou proche Europe. Mais certains composants, par exemple électroniques, ne peuvent être sourcés en Europe. Aujourd'hui en tant qu'industriels, nous nous inscrivons dans une réflexion pour anticiper au maximum ce problème de sourcing.
L'importation des pièces a été une difficulté majeure pendant le Covid… Dans quelle mesure avez-vous été touchés ?
O. Montagne : Comme tout le monde, nous avons subi de grosses difficultés, à la fois sur le sourcing et sur ses conséquences, donc sur les coûts. Pour certains composants, nous avons connu des problèmes de rupture, ou des problèmes logistiques. Sans parler de l'impact de l'offre et de la demande sur des marchés en difficulté. Un cocktail détonnant auquel il a fallu faire face pour continuer à servir au mieux nos clients. Nous avons d'ailleurs réussi à traverser la crise en gardant un taux de service acceptable, qui n'est jamais descendu au-dessous des 85 % en termes de promesses de délais. Nous n'avons jamais été en rupture, sur aucune des familles de produits. Nous subissons toujours les impacts de la crise, même si la situation s'est nettement améliorée.
Pour beaucoup de produits, tous secteurs confondus, acheter français coûte cher ; est-ce le cas pour votre secteur ?
O. Montagne : Soyons honnêtes, les produits fabriqués en France sont rarement les moins chers. Chez Dito Sama, nous proposons une gamme de produits premium, donc nous ne sommes pas les moins chers du marché. Nos machines sont conçues pour durer, c'est un facteur très important dans la reconnaissance de notre marque. Le matériel Dito Sama accompagne parfois des générations de restaurateurs ou de boulangers. Le prix d'achat n'est plus un problème à partir du moment où au quotidien l'utilisateur sait que la machine va avoir un taux de fonctionnement irréprochable, et qu'elle va durer des années. Pour cela, nous communiquons sur le coût d'usage plus que sur le prix de vente. Rendre la vie plus facile à nos clients est un de nos engagements prioritaires.
Vous vous engagez sur la durée de vie des produits ?
O. Montagne : Un engagement fort, c'est la fabrication des pièces liées à un modèle. À partir de l'arrêt de fabrication d'un type de machine, nous continuons à en produire les pièces pendant 10 ans.
N'y a-t-il pas un paradoxe entre cette volonté de produire de façon durable et locale, et l'évolution du marché qui pousse des machines de plus en plus électroniques, rendant le sourcing français difficile ?
O. Montagne : Batteurs, mélangeurs, coupe-légumes… Chez Dito Sama, nous ne sommes pas sur des machines très complexes. En effet, le marché demande des fonctions simples et robustes, et très faciles d'utilisation. Pour autant, il y a effectivement des attentes fortes sur des axes comme la nettoyabilité, l'hygiène, la connectivité ou la robotisation. C'est tout le challenge des fabricants.
Avez-vous des équipes qui travaillent sur l'innovation, la R&D ?
O. Montagne : Absolument, notre équipe R&D est basée à Aubusson. Cela nous permet d'être réactifs et pertinents, proches des attentes industrielles et des marchés. Et l'appartenance au groupe nous permet d'avoir une fonction Support centralisée et forte.
Comment peut-on encore améliorer le made in France ?
O. Montagne : Nous sommes en perpétuelle réflexion pour améliorer notre empreinte sociale, environnementale. Nous avons des objectifs très forts qui nous sont demandés par le groupe Electrolux Professional. Au-delà de ça, c'est un incontournable pour nous. Et c'est fondamental aujourd'hui si l'on veut attirer les jeunes générations, qui souhaitent des modèles très vertueux.